Allocution du Père P. Marioge lors de l’assemblée générale
des Anciens Élèves du Collège du Mansourah
du Samedi 19 juin 2004

Paul MariogeVotre vœu enfin se réalise, vous voici réunis anciens élèves, surveillants ou professeurs du Collège du Mansourah. Il y a des absents, mais se retrouver près de 100 après 28 ans de séparation, c’est déjà une performance qui montre l’attachement profond que vous avez gardé à ce collège.

Le Docteur Chaouche Teyara Abdelouhab va vous faire le bilan de ce qui a été fait pour préparer cette assemblée, vous avez entre les mains le compte-rendu de la réunion du 11 décembre dernier ainsi que l’allocution que j’ai prononcée ce jour-là, je vais la reprendre en partie, si vous le voulez bien, car mon rôle ici est de donner un esprit à nos rencontres afin qu’elles ne se bornent pas à de banales retrouvailles entre copains, mais qu’elles soient des réunions de gens décidés à s’entraider pour vivre un certain idéal afin de le transmettre aux autres et d’influencer ainsi toute la société.

Vous m’avez tous fait remarquer combien le collège vous avait marqués. Jetés dans la vie civile où règne trop souvent l’égoïsme, le mercantilisme et l’arrivisme, vous vous êtes sentis isolés. On se moquait de vous parce qu’on voyait de suite par votre conduite que vous étiez l’enfant des pères. Vous étiez fiers de l’éducation que vous aviez reçue, mais il vous fallait lutter à contre-courant pour faire valoir vos idées et surtout les transmettre à vos enfants. La fraternité d’une journée comme celle d’aujourd’hui est faite pour vous y aider.

Mais quel est donc cet Esprit du Mansourah qui vous a tant marqués et qui a fait que vous n’êtes pas tout à fait comme les autres ? Le Dr Chaouche Teyara et moi-même, nous nous sommes mis un jour à la tâche pour essayer d’en définir les points essentiels. Mais remarquons tout d’abord que cet esprit n’est pas propre au Mansourah, il s’agit en fait de valeurs universelles qui appartiennent à la nature humaine vue sous l’angle du bien et que vos éducateurs vous ont fait vivre au collège.


La nature humaine a été créée par Dieu, ces valeurs ont donc une origine divine et toutes les religions dignes de ce nom les ont adoptées : islam, christianisme, bouddhisme… Précisons maintenant quels en sont les points forts :
• d’abord la foi en Dieu - et vous remarquerez que je n’avais pas mentionné ce point le 11 décembre mais que j’ai pensé essentiel de l’ajouter aujourd’hui,
• puis en premier lieu, comme vertu, la droiture en toutes choses, ce qui implique la fuite du mensonge qui gangrène les relations dans la société ambiante,
• et l’honnêteté dans le travail et la vie courante,
• et le sens de l’effort, du travail personnel,
• la conscience professionnelle qui découle d’un travail conçu comme un service rendu aux autres et non comme un simple moyen de s’enrichir aux dépens des plus faibles,
• le respect de toute personne humaine en particulier de la femme, car beaucoup m’ont dit combien leur façon de considérer les relations garçon-fille était différente de celle de votre entourage,
• d’où une notion de la famille comme cellule d’amour , d’éducation, d’entraide et de service,
• d’où l’esprit de tolérance vis à vis de ceux qui nous sont différents par la culture, la religion ou tout autre aspect physique ou moral,
• enfin l’ouverture à une culture universelle, base de tout dialogue avec ceux que nous rencontrons.
Ces contours une fois définis, il nous reste à mettre cet esprit en pratique et voir comment le répandre autour de nous, or c’est ce qui est le plus difficile. En dehors de notre entraide mutuelle, je vois trois directions pouvant orienter notre activité : le social, le culturel et l’éducatif :
• le social peut comporter l’aide aux plus défavorisés ou des bourses à des jeunes méritants,
• le culturel devrait s’intéresser à l’histoire de la région, envisager des sorties en groupe et des conférences,-
• l’éducatif aurait comme but le lancement d’une école privée à but non lucratif pour transmettre notre idéal à nos petits enfants, à défaut de n’avoir pu le faire pour nos enfants.

Toutes ces entreprises sont mangeuses de temps, mais je vous demande d’y mettre du vôtre, car un amour vécu qui ne cherche pas à se répandre n’est pas un véritable amour.

Vous avez eu tort, semble-t-il, de me faire confiance, car vous étiez peut-être venu vivre simplement un bon moment entre copains et voici que je vous lance sur les routes pour faire quelque chose de plus grand. Mais c’est en se donnant qu’on devient plus homme et je veux que vous soyez un peu comme moi. Alors je saurai vraiment que notre action d’autrefois a porté du fruit. Je fais partie de la génération passée, je dois transmettre le flambeau, à vous de le reprendre. Si je peux vous être utile, vous savez que je le ferai, mais c’est sur vos propres forces qu’il faut compter. Il faut avoir confiance, notre action est bonne, Dieu nous aidera à la réaliser, j’ai une intuition qui ne trompe pas : notre action est bénie de Dieu et il s’en réjoui. Mais il ne fera pas le travail à votre place.

Pendant 28 ans nous avons rongé notre frein et espéré des jours meilleurs. Le moment est venu de se mettre à l’œuvre, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Vous serez mes héritiers si vous réalisez un peu de ce que je vous ai dit. Je vous souhaite de réussir.

Constantine, le Samedi 19 juin 2004
Paul Marioge

Retour vers la page des News

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mansourah Constantine

© D.M. Chetti - 2003