LES PONTS DE CONSTANTINE
Qu’ils sont beaux tes ponts ! Qu'ils sont beaux tes ponts, Ô Cirta, Nid d'aigle du fier Jugurtha !



Le piton rocheux de Constantine en forme de losange, dont la pointe nord repose à Sidi M’cid et la pointe sud à Sidi Rached, était réuni au plateau environnant du Mansourah par l'unique pont dit d'Antonin (138-161 après JC.) et à la dépression du Sud par le mamelon du Koudiat Aty. Le pont d'Antonin, nommé par la suite el Kantara (Le pont en Arabe), porte sur son arcade de base une sculpture représentant la déesse Afrique accostée de deux éléphants libyques.

Il a vu défiler sur ses arches les cavaliers numides de Massinissa (202-148 av JC), le cortège de la belle Sophonisbe, fille d'Hasdrubal le punique, épouse du malheureux Syphax (213-202 av JC) Il résonna tour à tour sous les sabots de la cavalerie de Jugurtha (118-105 av JC) et sous le pas cadencé des légions romaines.

S'il pouvait nous raconter aujourd'hui tout ce qu'il a vu et entendu au cours de son long passé : ce serait un récit à suspens au fortissime : les Italiotes du Condottiere Sittius, les cohortes de la III Legio Augusta, les hordes de Genseric le Vandale vers 430, les armées de Belisaire, les cavaliers d'Allah sous la conduite du général Okba au milieu du VIIe s. ... Quelles figures en haut relief et quels évènements il a connu depuis l'époque de sa fondation jusqu'à sa mort par vétusté, sous le poids des ans en 1305 ! …

Longue mise au tombeau qui dura près de cinq siècles, depuis sa destruction en 1305 jusqu'à sa restauration en 1792 par Salah Bey...
Sa nouvelle existence, en période turque, fut éphémère, à peine égale à celle d'une génération d'homme. En 1862, sous Napoléon, un pont d'une seule arche de fer le remplaça : C'est lui qui nous permet de franchir aujourd'hui le Rhumel; il est capable de défier les siècles.

Mais en 1901, l'accroissement de la ville de Constantine réclama de nouveaux accès. C’est alors que la Municipalité, construisit le pont de Sidi Rached, oeuvre magistrale d'architecture, et le pont de fer de Sidi M’Cid, franchissant le Rhumel par-dessus les cascades à une hauteur de 170 mètres. Ces travaux gigantesques furent exécutés en quelques années ; ils respirent une hardiesse qui suscite notre admiration.

Les ponts de Constantine, comme tous leurs frères du monde entier, relient les bords d'un précipice, les rives d'un fleuve comme le Rhumel. Ils sont pour nous un symbole, un signe éloquent; car, comme dit le proverbe : « Les pierres ont aussi leur éloquence ». Leur message, calme et profond, retentit aux oreilles de ceux qui entendent la voix des choses : « Comme nous unissons par-dessus les gouffres sombres et effrayants des parois opposées comme des murailles infranchissables, toi aussi, jeunesse d'aujourd'hui, sois un pont entre le présent et ton passé ! Ne brise pas, mais unis ce qui est opposé ; facilite les contacts et les échanges entre les hommes, tes frères, au-dessus du gouffre, des passions ! Sois audacieux, fier et solide comme nous ! Tu es un pont fait de pierres vivantes pour unir les hommes dans leurs rencontres quotidiennes ! ».

Père A. Laïly.

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Mansourah Constantine

© D.M. Chetti - 2003